06 juillet 2016

Une fonction, un visage, des valeurs #1

La vie du CHRS Forbin vue par l'une de ses collaboratrices, Chantal, 55 ans, agent d'accueil depuis bientôt 9 ans. 

A la suite d’une période personnelle difficile, j’ai dû trouver un travail et c’est par hasard que je me suis retrouvée au CHRS Forbin, après avoir postulé sur le site du Pôle Emploi. C’était il y a 9 ans. J’ai grandi dans un milieu plutôt favorisé et je n’imaginais pas qu’un tel lieu puisse exister. Bien sûr, j’avais déjà vu des personnes vivre dans la rue, bien sûr je savais que certains n’avaient rien ou si peu mais je ne les voyais pas, ils étaient transparents. J’ai été accueillie par Catherine et son sourire bienveillant. Elle est toujours une oreille attentive pour chacun quand les choses sont trop difficiles.

J’ai un BTS secrétariat, je m’occupe de l’accueil des résidents l’après-midi, je les enregistre sur l’ordinateur, leur donne un numéro de lit. Mais au-delà de ça, j’essaye de donner à chacun un sourire, une petite attention. J’ai longtemps travaillé avec Jeannot, qui m’a appris mon travail avec patience et bonne humeur.

Ma journée commence à 12h30 dans l’effervescence pour se terminer à 18h30 avec la même intensité. Les sans-abri se pressent devant la porte avant même son ouverture. Certains jours nous sommes deux, voire trois à tenir le poste pour faire face à la situation. Dans ce cas, j’ai du temps à consacrer à chaque personne, à la vérification des chambres, ou comme aujourd’hui à vous décrire mon travail, mais d’autres jours je suis seule. Un vrai marathon ! Je dois accueillir 283 personnes, leur donner un lit, les enregistrer, répondre au téléphone, créer les cartes magnétiques permettant d’ouvrir les portes des chambres, répondre à de nombreuses questions…

Le plus important dans mon travail est la façon d’accueillir les personnes qui viennent à nous. Appeler quelqu’un par son nom, lui dire simplement bonjour en le regardant dans les yeux, c’est lui rappeler qu’il est vivant. Quel que soit son aspect, son odeur, sa nationalité, sa couleur ou sa religion, il est avant tout un être humain… Comme moi.

Mon métier me rappelle qu‘être est plus important qu’avoir mais qu’on ne peut pas être sans avoir !

J’aime mon travail, je me sens bien dans cette maison, à ma place, même s’il est parfois difficile de supporter tant de misère…

 

 

Lien vers "Une fonction, un visage, des valeurs #2" chrsforbin.fsjd.fr/2016/actualites/une-fonction-un-visage-des-valeurs-2